FORWARD
Comment inventer un cinéma IA-Natif ?
L’IA peut-elle vraiment être le vecteur d’une nouvelle vague cinématographique ?
L'histoire du cinéma s'est construite à travers une suite de révolutions techniques : le passage du muet au parlant, du noir et blanc à la couleur, des effets manuels aux effets numériques.
Aujourd'hui, l'intelligence artificielle pourrait représenter une nouvelle rupture majeure, capable de redéfinir non seulement la production mais aussi l'essence même du septième art.
Comme l'a rappelé́ Zahir Kahn dans un post récent, le succès de la création d'un studio IA-natif repose sur trois piliers fondamentaux :
La maîtrise du storytelling : L'IA ne remplace ni la narration, ni l'émotion. L'innovation vient de la fusion entre une vision créative et la technologie.
La qualité avant tout : créer avec l'IA ne signifie pas produire à bas coût, mais imposer une vision forte et un standard artistique élevé.
Une culture de l'expérimentation : L'IA permet d'ouvrir de nouvelles voies, pas d'imiter ce qui existe déjà. L'innovation naît aussi de l'erreur et de l'inattendu.
Un exemple à suivre : A24, le studio qui a redéfini le cinéma indépendant
A24 s'est imposé ces dernières années comme le studio à suivre, refusant les formats calibrés d'Hollywood. En misant sur des récits atypiques et des esthétiques radicales, il a prouvé́ que l'audace et la vision priment sur la rentabilité́ immédiate.
Des films comme Everything Everywhere All at Once, La Zone d'intérêt ou The Brutalist transgressent les règles traditionnelles : structures narratives déstructurées, visuels étranges, personnages insaisissables. Ils ne sont pas nés d'algorithmes optimisés, mais d'élans artistiques inclassables et inattendus.
Cette approche visuelle et narrative inédite doit nous inspirer pour inventer un cinéma IA-natif innovant en termes d'histoire, d'esthétique et même de genres.
Renouveau du cinéma ou usines à contenus ?
L'intégration de l'IA à toutes les étapes du processus de production permet de démocratiser la création cinématographique.
Cependant, le risque est grand de tomber dans une industrialisation de la création, générant des œuvres homogènes et dépourvues de vision artistique, optimisées uniquement pour maximiser la rentabilité.
Vers un cinéma IA-Natif authentique
À la lumière d'exemples comme A24, chez HUMAN2AI, nous avons choisi d’ouvrir de nouveaux horizons plutôt que de recycler des formes anciennes.
Pour réussir ce pari, plusieurs principes fondamentaux doivent guider cette démarche :
Inventer de nouveaux récits, formats et expériences
L'hybridation des rôles : entre création et technologie, métier traditionnel et métier lié à l’IA
De nouvelles formes de participation du public : ou le spectateur choisi d’être passif et/ou actif
Une exploration de la temporalité et de l'espace : des films proposant des expériences narratives entièrement adaptatives et personnalisables
Bâtir une grammaire cinématographique IA-native
Le cinéma IA-natif doit développer son propre langage visuel :
Une esthétique assumée, loin du photoréalisme standardisé
De nouvelles formes de récits
Des récits multicouches (visuels, sonores, narratifs)
Construire des studios IA comme des plateformes de collaboration
L'invention d'un cinéma IA-natif repose également sur l'hybridation des horizons techniques et artistiques, en créant des ponts entre :
Les technologies traditionnelles 3D, VFX, roto, etc. et IA générative
Des experts techniques capables d'explorer de nouvelles possibilités technologiques
La nouvelle garde de talents IA-natifs
Des artistes d'horizons multiples : scénaristes, cinéastes, écrivains, plasticiens, musiciens…
Pour que ce nouveau cinéma prenne son envol, il lui faut sans cesse explorer un territoire où le cinéma traditionnel ne pourra jamais aller.
Un impact culturel à anticiper
L'émergence de ce nouveau langage cinématographique grâce à l’IA n’est pas neutre.
Il impose à l’ensemble du secteur de nouvelles règles du jeu, qui auront des conséquences profondes sur :
La formation des équipes créatives à l’IA
Les méthodes de financement
Les modes de distribution : comment les salles et plateformes pourraient s'adapter à des films évolutifs ?
L'expérience du spectateur elle-même
Le regard d'abord, au-delà̀ de la fascination technologique
La technologie de l’IA générative seule ne créera pas le futur du cinéma. Ceux qui oseront tordre ses limitations, jouer avec ses accidents et la plier à des visions artistiques fortes pourront réellement réinventer le langage du septième art.
— BEYOND
Retour sur la vente Augmented Intelligence de Christie’s
Près de 6400 artistes s'opposent à la première vente d'art IA chez Christie's...
Ça vous rappelle quelque chose ? Spoiler : c'était pareil quand la photo a débarqué dans les galeries. "La mort de l'art", qu'ils disaient….
Fast forward 2025 : même histoire, nouveaux outils, mêmes récits ? Mais regardons les œuvres de cette vente, certaines, estimées à 250k$, ne sont pas juste des tokens générés par Midjourney. Ce sont des créations où l'empreinte de l'artiste est évidente.
Il y a ce mini- robot de 3,6m qui peint en live pendant la vente - c'est l'artiste qui orchestre, l'IA qui exécute.
La vraie question n'est pas "IA ou pas IA", mais "qui crée quoi" ?
Car au final, ce qu'on achète ou que l’on critique, c'est toujours cette signature unique qui confère de la valeur à l’œuvre. Que ce soit avec un pinceau, un appareil photo ou un prompt IA.
— NOW
KUCHIKAME 口噛甕 : l’intrication immersive et mémorielle d’Alexandre Garnier
Quand Alexandre Garnier se lance dans la réalisation d’un court métrage narratif, ça donne KUCHIKAME.
Une exploration du lien fragile entre mémoire et identité à travers un rituel étrange : manger pour se souvenir.
Derrière les intrications de cette œuvre intrigante, un workflow hybride mêlant ComfyUI, LumaAI, KlingAI, Adobe Premiere Pro et After Effects.
Une symphonie technique, qui permet des transitions harmonieuses et surprenantes, qui aspirent le regard.
Une très belle réflexion sur l'IA dans la création artistique.